Le Cotentin

Qui peut dire où finit le Cotentin ? Sur toute sa façade littorale on le voit à peu près bien, puisque c’est la mer qui décide pour les humains — et qui a fait de ce petit morceau de biosphère une péninsule bien singulière. Mais au sud, où donc arrêter ce pays ? À vélo et à l’argentique, nous sommes partis mener l’enquête pendant trois jours, de Lison jusqu’à Granville, en passant par les gorges de la Vire.

Napoléon Ier a donné le ton : « J’avais résolu de renouveler à Cherbourg les merveilles de l’Égypte ». Par son emplacement stratégique et ses ressources, la presqu’île du Cotentin est au coeur des enjeux stratégiques des derniers siècles, et continue de représenter une place de choix. Sur place, si on apprécie cette situation, on la préserve parfois jalousement.

Au cœur du Cotentin, il n’est pas rare d’entendre les aîné·es « bacouetter » (bavarder). Et si on tend l’oreille, leur français prend alors des empreintes normandes. Tantôt moquée, tantôt défendue, la langue normande porte le poids du passé. Depuis plusieurs années, une poignée d’irréductibles Cotentinois·es s’évertuent à la préserver et à obtenir sa reconnaissance.

Parachutée dans le Cotentin dans les années 1960, l’industrie nucléaire a transformé le paysage de la presqu’île et ses fruits ont ruisselé jusque dans les plus petites communes. En 2024, les lignes sont peu à peu redéfinies en plein cœur de la relance annoncée d’un nouveau programme atomique.

À Cherbourg-Octeville, sur les rues Coluche et Sadi-Carnot, se trouve une mosquée. Derrière sa création au début des années 1990, des ouvriers maghrébins venus vendre leurs bras à l’industrie nucléaire, premier employeur de la région. Le lieu de culte et ses activités n’ont, depuis, fait que se développer. Peu d’incidents racistes l’ont touché avant 2023 et 2024. Jamais une telle violence n’avait été vécue par les fidèles d’hier et d’aujourd’hui.

Dans les zones rurales du Cotentin, l’isolement est une réalité pour de nombreuses familles. Des initiatives locales orchestrées par des bénévoles ont vu le jour, avec comme maître-mot la solidarité. En particulier, le Parentibus, une association qui met la parole au coeur de son action.

Réputé pour son mauvais temps et ses précipitions, le Cotentin pourrait, dans un contexte de réchauffement climatique, devenir un îlot de fraîcheur d’ici 2050 au point d’attirer une nouvelle clientèle touristique.

Marie-Léa Travert veille sur la réserve naturelle nationale de la Mare de Vauville, précieux habitat pour des centaines d’espèces, en tant que conservatrice. Un métier aux multiples facettes, en prise immédiate avec les impacts du changement climatique.

Son visage et ses savoirs sur les plantes ont fait de lui l’un des jardiniers les plus populaires en France. Stéphane Marie a grandi et vit dans le Cotentin, une presqu’île qu’il affectionne tant qu’il a transformé sa maison en studio de t élévision pour l’émission Silence, ça pousse !. De ce bocage normand qu’il chérit aux imposantes vagues des plages voisines qui l’inspirent, l’animateur pétillant nous invite dans ce pays de cocagne où fleurit son havre bucolique.

Le cidre, ou le paradoxe d’un « vin d’arbre » né dans le département le moins forestier de France… qui est aussi celui qui porte le plus d’arbres. Une énigme qui se résout de haies en bocage, avec le cidre en fil rouge.

Produit de la mer emblématique de la côte ouest de la Normandie, le homard bleu du Cotentin, pêché de manière artisanale, lie le continent et les îles anglo-normandes depuis plusieurs siècles. La Petite Laura est l‘un de ses représentants et pêche dans les eaux britanniques, malgré les menaces qui pèsent sur son activité.

À Saint-Vaast-la-Hougue, la chapelle des marins est un lieu de mémoire collective, où se mêlent traditions séculaires et hommages aux victimes de tragédies modernes, révélant l’identité profonde de la région.

Joyaux du patrimoine en danger, les îles Saint-Marcouf sont aussi le refuge d’espèces d’oiseaux protégées, au large du Cotentin. Mais comment sauvegarder l’un sans sacrifier les autres ? Alors que le temps presse, des femmes et des hommes campent sur cet archipel désertique en pensant avoir trouvé un chemin.

Le littoral du Cotentin a toujours fait face aux assauts de la mer. Mais depuis dix ans, les vagues se font de plus en plus destructrices. Sur place, élu·es, habitant·es et acteurs économiques tentent de chercher des solutions face à l’inévitable montée des eaux. Les communes s’organisent pour inventer le littoral de demain. Mais comment se résoudre à quitter les lieux que l’on a toujours connus ?

Le Cotentin est un territoire où les habitant·es ont développé, peut-être à cause d’une mauvaise connexion au reste de l’Hexagone ou à l’appel du large, une mentalité îlienne. Un isolement volontaire qui se manifeste quand de nouvelles personnes décident de s’installer sur la pointe.

L’Unité médico-judiciaire du centre hospitalier de Saint‑Lô a initié, en 2018, un dispositif innovant permettant aux médecins de signaler des violences conjugales à la place des victimes. Éléonore, Lucie et Marine en ont bénéficié, avec des dénouements divers.

C’est un village du Coutançais comme beaucoup, dans son apparence rurale et tranquille. Mais depuis cinq ans, le coeur du Mesnilbus bouillonne. D’émotions positives, avec l’ambiance impulsée par le bar-épicerie. Et d’envie de rupture : Le Mesnilbus veut quitter Saint-Sauveur-Villages, la commune nouvelle créée en 2019. Un des très rares cas en France, dans un département champion en matière de regroupement communal.

Quasiment absente il y a une vingtaine d’années de la presqu’île du Cotentin, la pratique du surf se développe depuis 2019 à toute berzingue, suscitant son lot de crispations.