Numéro 4

Mayotte

L’archipel dans l’archipel. Au coeur du canal du Mozam­bique, Mayotte sort la tête de l’océan Indien entourée de ses voisines les Comores et Mada­gas­car. De ce bout de terre vol­ca­nique, devenu le dernier dépar­te­ment français en 2011, jaillissent de criantes inéga­li­tés. Ter­ri­toire le plus pauvre, mais aussi le plus jeune de France, la bien nommée île au lagon voit éga­le­ment la beauté rayonner et les désirs de renou­veau émerger, Une ving­taine de jour­na­listes et de pho­to­graphes la décrivent sans fard dans ce nouveau numéro de Pays. Embar­quez dans leur navire pour décou­vrir ses décors et leurs envers.

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Au sommaire

Abby Said Adinani & Ibrahim M’Colo

Convoi­tise ou répul­sion, voilà les sen­ti­ments qu’ont long­temps suscités les tortues marines, que l’on vienne du nord ou du sud de Mayotte. Vul­né­rable, en danger d’extinction, voire en danger critique d’extinction dans le monde, celle qui est devenue un emblème de Mayotte fait l’objet d’une bataille féroce entre les braconnièr·es d’un côté, les asso­cia­tions et les ins­ti­tu­tions de l’autre. Pour la première fois, ces der­nières se sont unies autour d’un objectif commun : protéger ces créa­tures qui contri­buent à l’équilibre de leurs écosystèmes.

Jaïdi Maoulida & Nicolas Melemis

95 %, c’est la part de la popu­la­tion maho­raise de confes­sion musul­mane. Entre une influence cadiale en perte de vitesse, l’omniprésence des rites tra­di­tion­nels et le syn­cré­tisme cultuel, Mayotte se pose en exemple de plu­ra­lisme reli­gieux et culturel.

Raïnat Ali­loif­fa & Samia Benkahoul

La société maho­raise, consi­dé­rée comme matriar­cale, laisse une place impor­tante aux femmes. Jusqu’à un certain point. Elles prennent les déci­sions cru­ciales concer­nant la famille, mais doivent encore se plier aux exi­gences d’une culture qui les traite dif­fé­rem­ment des hommes. Et ce, malgré la moder­ni­sa­tion qui leur permet de s’émanciper.

Virginie de Roc­qui­gny, Raïnat Ali­loif­fa & Franck Tomps

Faute de pouvoir étudier sur leur île, beaucoup de Mahorais·es s’envolent pour la métro­pole après leur bac. Une expé­rience parfois dou­lou­reuse, quand se conjuguent pression fami­liale, iso­le­ment et dif­fi­cul­tés scolaires.

Lise Gaeta & Benoît Michaëly

Connue et reconnue par les plus grands par­fu­meurs et par­fu­meuses pour ses notes subtiles, la célèbre fleur en forme d’étoile a rythmé le quo­ti­dien de l’île pendant des décen­nies. Tombée aujourd’hui en disgrâce, la pro­duc­tion tente de perdurer et ses petites mains de redorer le blason de celle qui a donné à Mayotte le nom d’île aux parfums.

Lise Gaeta & Samia Benkahoul

À Barakani, Latoul­dine Madi chérit les terres de ses ancêtres avec amour et passion. Entre jardin mahorais et procédés agro­fo­res­tiers, le jeune agri­cul­teur a déve­lop­pé une exploi­ta­tion res­pec­tueuse de l’environnement en plein coeur de l’île.

Yohann Deleu & Pierre Terraz

La mangrove et le lagon de Mayotte souffrent d’une gestion cala­mi­teuse des déchets, entre mau­vaises pra­tiques, indif­fé­rence des auto­ri­tés et expan­sion des bidon­villes sur les hauteurs de l’île. L’action de quelques asso­cia­tions pour limiter la casse semble bien insuf­fi­sante face à ce qui devient un enjeu de survie pour le territoire.

À Mamoud­zou, la plus grande mater­ni­té d’Europe enre­gistre chaque année un nombre de nais­sances record. Alors qu’est mise en cause l’immigration clan­des­tine des Como­riennes, et qu’une excep­tion légale res­treint le droit du sol sur l’île, les professionnel·les de santé dénoncent surtout une gestion défaillante et le manque de res­pon­sa­bi­li­té gouvernementale.

Cyril Cas­tel­li­ti & Franck Tomps

Dépar­te­ment français depuis seule­ment dix ans au terme d’un combat poli­tique acharné, l’île est régu­liè­re­ment pré­sen­tée comme « la partie de l’archipel des Comores qui a voté pour rester fran­çaise ». Cette curio­si­té mar­quante fait l’impasse sur les manoeuvres néo­co­lo­niales qui ont permis d’aboutir à ce résultat. Cher­cheurs et cher­cheuses détri­cotent le mythe du réel et tentent de construire un récit his­to­rique nuancé.

Yohann Deleu & Marion Joly

Mayotte possède le PIB le plus dyna­mique de France. Cette pro­gres­sion à vitesse grand V, à renfort de fonds publics, cache une situa­tion très contras­tée dans laquelle de vastes pans de la popu­la­tion restent à l’écart des avancées consta­tées. De quoi creuser un fossé béant entre les plus pauvres et les plus aisé·es.

Nora Godeau & David Lemor

Né en 1954 à Moroni de parents ori­gi­naires de Mayotte, Nassur Attou­ma­ni est le premier auteur reconnu de l’île au lagon. Toucheà- tout, il s’est éga­le­ment illustré dans le théâtre et la musique, ses pre­mières amours. Un parcours original qui l’a mené tar­di­ve­ment à l’écriture. Il nous fait décou­vrir ce « pays » qui l’a vu grandir.

Manon Boquen & Benoît Michaëly

À Mayotte, en 2019, des scien­ti­fiques ont attesté, dans une explo­sion de joie, de la nais­sance d’un volcan sous-marin, après des mois de trem­ble­ments de terre. Une première mondiale qui ne perturbe pourtant pas la vie de l’île, au risque de se faire oublier.

Abby Said Adinani & Ibrahim M’Colo

Jusqu’en 2019, il n’existait aucune salle de spec­tacle, de centre culturel ou de lieu d’échange de pra­tiques artis­tiques à Mayotte. En 2020, une infra­struc­ture a vu le jour au Sud, dans la commune de Chi­ron­gui. C’est trop peu pour les acteurs et actrices du secteur qui alertent depuis des années sur la situa­tion des artistes, qui ne béné­fi­cient d’aucun cadre juri­dique, ins­ti­tu­tion­nel ou social.

Mélange de Bantou·es venu·es d’Afrique de l’Est et d’Austronésien·nes arrivé·es de Mada­gas­car, la popu­la­tion maho­raise s’est enrichie au fil du temps de Perses, d’Arabes et même d’Européen·nes, venu·es par la mer. Des origines diverses, dans une zone fré­quen­tée et convoitée.

Nora Godeau & David Lemor

En 2022, la célèbre course de pneus a fait son retour à Mamoud­zou après deux années d’interruption due à la crise sani­taire. Évé­ne­ment sportif et culturel incon­tour­nable de l’île, elle enchante à chaque début de grandes vacances, tant par le défi physique qu’elle repré­sente que pour son carac­tère festif. C’est Jack Passe, un pro­fes­seur d’EPS, qui a méta­mor­pho­sé ce jeu d’enfants en véri­table symbole en 1983.

Abby Said Adinani & Ibrahim M’Colo

Il y a encore 20 ans, les céré­mo­nies de mariages à Mayotte se vou­laient modestes et convi­viales. Depuis quelques années, on assiste à une sur­en­chère des orga­ni­sa­tions de grands mariages, les « man­za­ra­kas ». Wedding planners, trai­teurs, pres­ta­taires évé­ne­men­tiels : les dépenses autour se comptent parfois en cen­taines de milliers d’euros. Un moyen d’asseoir sa position sociale au sein de la com­mu­nau­té, mais aussi vecteur de dérives.

Nora Godeau & David Lemor

Lagon foi­son­nant, pal­me­raie et eaux tur­quoise… les paysages mahorais auraient de quoi attirer les tou­ristes. Loin de là. Avec 65 000 visi­teurs et visi­teuses en 2019, dont deux tiers qui vient voir des proches, le dépar­te­ment séduit peu. Le manque d’infrastructures et la cherté des billets jouent, ainsi que sa répu­ta­tion insé­cu­ri­taire et les défis qui le tra­versent. Au point que la question se pose : Mayotte doit-elle vraiment devenir touristique ?

Grégoire Mérot & Marion Joly

L’archipel des Comores a ainsi long­temps été consi­dé­ré comme le plus grand « cime­tière marin » avant que les drames se suc­cèdent en Médi­ter­ra­née, avec une esti­ma­tion du Sénat de 7 000 à 10 000 per­sonnes mortes ou dis­pa­rues depuis 1995. Derrière chaque corps, il y a une mère, un père, un conjoint ou une conjointe, des enfants. Pays repart sur leurs traces dans un récit intime.

Grégoire Mérot & Marion Joly

Pénuries, inon­da­tions ou trop faibles pré­ci­pi­ta­tions… À Mayotte, la popu­la­tion fait face à diverses situa­tions extrêmes liées à un élément essen­tiel : l’eau. Un tiers n’a tout sim­ple­ment pas accès à l’eau courante dans son logement et les coupures se mul­ti­plient en saison des pluies. De la gestion à l’impact sani­taire, le repor­tage se penche sur cet or bleu menacé.

Raïnat Ali­loif­fa & Marion Joly

Dans le dépar­te­ment le plus jeune de France, où près de la moitié de la popu­la­tion a moins de 18 ans, une partie des enfants et ado­les­cents est livrée à elle-même, et a la rue comme seule issue. Des asso­cia­tions tentent de sauver la donne, en les initiant à l’art sous toutes ses formes.

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