Cet article est issu du numéro 2 de Pays, consacré au Vercors.

Des pieds et des mains

À Méaudre, Chris­tophe retape des chaus­sons d’escalade envoyés des quatre coins de la France. Découpe de gommes, coups de marteau, couture… avec sa compagne Noëlle, il redonne vie à plus de 6 000 paires par an. Leur métier fait rêver, mais à 50 ans, la dureté physique de leur travail les consume, et ils n’ont jamais trouvé d’assistant·e à la hauteur.

Aymeric Guittet & Arthur Delicque

Chris­tophe attaque la première étape d’un res­se­me­lage d’une chaus­sure d’alpinisme. — Arthur Delicque

À Méaudre, Chris­tophe et Noëlle retapent des chaus­sons d’escalade envoyés des quatre coins de la France. Découpe de gommes, coups de marteau, couture… si leur métier fait rêver, sa dureté les consume. De quoi amorcer un virage dans leur activité, à moins que d’ici là, un destin poli­tique ne survienne.

Sur le comptoir, un colis est arrivé. Chris­tophe saisit un cutter, perce le scotch sur toute sa longueur et l’ouvre. Sally, la vieille
chienne, accourt et renifle la mar­chan­dise : « Elle sent tous les chaus­sons qui arrivent, mais quand ça pue trop, elle repart ! », s’amuse Noëlle, sa longue che­ve­lure noire nouée dans son dos. Chris­tophe, de courts cheveux blancs et une barbe nais­sante, plonge la main dans le carton et en retire un chausson d’escalade jaune et déformé. Il l’inspecte rapi­de­ment à la lumière : sur celui-là, comme sur la majorité, le travail prin­ci­pal sera le ressemelage.

Noëlle et Chris­tophe sont cor­don­niers dans le Vercors. Pas n’importe lesquels : le couple chauffe, colle, ponce exclu­si­ve­ment des chaus­sons d’escalade et de grosses chaus­sures d’alpinisme. Leur atelier s’élève face à une prairie, à la sortie du village de Méaudre, sans signa­le­ment par­ti­cu­lier. Un grand bâtiment en bois qu’un badaud peu attentif pren­drait pour un chalet de montagne.

Dès qu’on franchit la porte, l’illusion s’évanouit : sous des néons blancs apparaît un vaste rez-de-chaussée en bois. L’espace est plus ou moins cloi­son­né, de grosses machines sont disposées…

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Pays est une revue indé­pen­dante, sans publi­ci­té, éditée par ses quatre cofon­da­teurs et cofon­da­trices. Tous les six mois, Pays, la revue qui nous entoure, s’intéresse à un nouveau ter­ri­toire pour faire mieux que décou­vrir : comprendre.

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Derrière cet article…

Aymeric Guittet

Il y a quatre ans, Aymeric a quitté Paris pour rejoindre sa belle, la montagne. Bel­le­donne, Char­treuse ou Vercors, il arpente cimes et vallées en quête d’his­toires éton­nantes à raconter. Pour Pays, il relate l’a­ven­ture de Chris­tophe et Noëlle, cordonnier·es de montagne sur le plateau.

Arthur Delicque

Égaré sco­lai­re­ment, Arthur décide de partir pour Kat­man­dou, la capitale du Népal. Les paysages, les sommets et les gens le bou­le­versent, il veut désor­mais raconter des his­toires via des images. Grâce à la double cas­quette jour­na­liste et pho­to­graphe, c’est aux côtés d’Aymeric Guittet qu’il docu­mente pour Pays le quo­ti­dien d’une cor­don­ne­rie dans le Vercors.