Les Cévennes

Au coeur des Cévennes, le lac de Villefort est un haut lieu du tourisme lozérien. Mais peu sont celles et ceux qui savent qu’au fond des eaux subsistent les ruines du village de Bayard, englouti par la construction du lac en 1963. Jacqueline, ancienne habitante de ce hameau immergé, en est l’une des dernières mémoires vivantes.

Plus d’un millier de Harkis et leurs familles ont vécu dans les années 1960 en Lozère, notamment dans le secteur de Villefort. Une histoire douloureuse, d’exil et de liberté sous contrainte, qui côtoie les souvenirs heureux d’un début de reconstruction. De cette mémoire, il ne subsiste aujourd’hui que quelques traces, dans les pierres et les arbres du territoire.

Une immersion dans le vignoble des Cévennes, ou la revanche du vin clandestin d’hier envisagé en sauveur du vin de demain.

Dans les Cévennes, un souffle de liberté persiste. Ici, des communautés font le choix d’un mode de vie collectif, enraciné dans la nature. Pour échapper au métro-boulot-dodo, par conviction écologique, par manque de moyens financiers ou à la suite de parcours de vie cabossés, ils et elles réinventent le quotidien ensemble et autrement.

Dans le secteur d’Anduze (Gard), depuis plus d’une quinzaine d’années, des collectifs citoyens se battent sans relâche pour que les anciens sites miniers soient dépollués. Le 18 avril 2024, le Conseil d’État a tranché en leur faveur, condamnant la société belge Umicore à opérer sur quatre sites. Les travaux sont en cours, mais la bataille est loin d’être finie.

Longtemps, les Cévennes ont dû leur survie au châtaignier, dans un paysage façonné par l’agropastoralisme et les terrasses de culture imposées par le relief. Ce territoire a connu l’exode rural et l’abandon des magnaneries et filatures. Mais les traditions ne se perdent pas si facilement. Les AOP, l’organisation en coopérative et la volonté de certaines âmes opiniâtres permettent aujourd’hui de faire vivre et renouveler cette agriculture séculaire.

Durant plus de trois ans, une estive, pâturage d’été en montagne, s’est montée autour d’Aumessas (Gard), village au fort passé agropastoral. Fruit de longues tractations avec des propriétaires terrien·nes, le projet répond à des enjeux actuels, entre conservation du patrimoine, protection de la biodiversité et soutien à un modèle agricole plus résilient face au dérèglement climatique.

L’histoire des Cévennes, terre de refuge et de résistance, est étroitement liée à celle du protestantisme. À Valleraugue, dans le Gard, les vestiges de ce passé contestataire sont encore très présents. Parmi les quatre communautés religieuses actives, l’assemblée de frères dits « darbystes » nourrit autant de mystères que de préjugés tenaces.

Lors des dernières élections législatives, les Cévennes gardoises ont basculé à l’extrême droite. Un tournant historique pour ce territoire, marqué par les luttes protestantes, résistantes et ouvrières. Aujourd’hui, acteurs et actrices locaux tentent d’enrayer cette progression.

À Florac Trois Rivières (Lozère), un Campus connecté, dispositif d’enseignement à distance en milieu rural, offre aux habitant·es la possibilité de se former, de suivre ou de reprendre des études supérieures sans quitter leur territoire depuis 2021.

À Génolhac, dans les Cévennes gardoises, plusieurs ponts ont été endommagés ou détruits par les derniers épisodes cévenols. Des édifices essentiels au désenclavement que la municipalité n’a pas les moyens de restaurer, alors même que ces intempéries sont de plus en plus fréquentes et intenses.

Au début des années 1980, des passionné·es d’orpaillage ont participé à faire renaître et connaître au grand public, cette activité historique mais confidentielle dans le piémont cévenol gardois. Depuis, des centaines de curieux et curieuses se laissent contaminer chaque année par la folie de l’or sur les rivières du département. Un loisir qui devient pour certain·es un métier et qui impacte le territoire comme les gens, pour le meilleur et pour le pire.

Chaque année, 15000 personnes parcourent le GR70, qui suit l’itinéraire de Robert Louis Stevenson raconté dans son ouvrage Voyage avec un âne dans les Cévennes. Entre la Lozère et le nord du Gard, ces touristes représentent d’importantes retombées économiques, mais aussi beaucoup de questions sur l’aménagement du territoire.

Les Causses et Cévennes sont l’unique territoire hexagonal en dehors de l’arc alpin à devoir composer avec l’installation de meutes de loups. Dans une zone classée au patrimoine mondial de l’humanité pour son agropastoralisme, la cohabitation entre le prédateur et les élevages est-elle possible ? Tandis que des voix appellent à son exclusion, d’autres tentent le pari délicat de la coexistence.

Joyau du patrimoine ferroviaire français, le Cévenol relie encore une poignée de communes enclavées du Massif central à Clermont- Ferrand et Nîmes. Symbole du délitement des services publics, cette ligne autrefois d’importance nationale ne doit sa survie qu’à la résistance active des élu·es, habitant·es et syndicats du territoire. Qui ne voient jamais poindre la lumière au bout du tunnel.

Après la fermeture des mines de charbon qui faisaient la grandeur de son économie, le bassin d’Alès a entamé une réindustrialisation à coups de soutiens financiers privés et publics. Un modèle cévenol vanté au niveau national, mais qui peine à faire ses preuves en matière d’emploi et de renouvellement des générations.

Dans la vallée du Galeizon, une petite chorale locale s’emploie à faire revivre lors de longues veillées chantées une culture orale occitane en voie de disparition. Une transmission permise par un patient travail de recueil auprès des ancien·nes, qui intéresse particulièrement les nouveaux et nouvelles arrivant·es.

Tandis que la pollution lumineuse ne cesse d’étendre son territoire, le Parc national des Cévennes, lui, abrite la plus grande réserve de ciel étoilé d’Europe. Un label qui lui a permis d’entraîner communes et syndicats d’énergie dans une politique ambitieuse de réduction de l’éclairage.