Au détour d’un flyer au fond d’une boîte aux lettres ou coincé derrière un essuie‑glace, il arrive parfois de tomber sur les coordonnées d’un Grand Marabout en provenance d’un lointain pays. Rien de tout cela avec Franck. D’ailleurs, il le confesse aisément : « Je n’ai ni carte de visite ni site internet ». Pas le style du bonhomme. Pas besoin. On vient chez lui par le bouche‑à‑oreille, et ses journées sont tellement remplies qu’il préfère témoigner sous son unique prénom.
Franck est éleveur de vaches laitières, mais pas seulement. « Je suis paysan‑rebouteux‑guérisseur », résume‑t‑il. Inutile d’imaginer une barbe de druide et un pendentif ésotérique, Frank a l’allure sportive et sobre d’un quinquagénaire qui s’entretient. Son exploitation, dans la famille depuis quatre générations, est perdue dans la campagne au sud du Mont‑Saint‑Michel. Si l’homme s’exprime facilement, avec chaleur et empathie, il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a 52 ans, Franck est né avec un trouble du spectre de l’autisme. « J’étais toujours dans ma bulle et, peu à peu, ça s’est transformé en une sévère dysorthographie. » Aujourd’hui encore, il est incapable de lire un livre. Ce qui ne l’a pas empêché, au prix d’énormes efforts, de réussir ses diplômes, passer tous ses permis, dont celui de pilote d’ULM, apprendre l’allemand en neuf mois, et s’intéresser à tout, tout le temps.
Cette insatiable curiosité alimente depuis près de vingt ans