Sous un hangar de tôle, elles s’agglutinent les unes aux autres pour former un amas noir, indistinct, que quelques pigeons ont pris pour repaire. Des graines de sarrasin par milliers que Philippe Boschel stocke sur sa ferme avant la venue du minotier. « Mon exploitation sert de point de collecte, car j’ai un séchoir, que j’utilisais déjà pour le maïs », commente cet agriculteur cinquième génération, doudoune charbon et baskets bleues étincelantes, que l’on sent un brin craintif. Ici, dans un hameau de La Vicomté‑sur‑Rance — non loin de la cité médiévale de Dinan — le cultivateur réceptionne les récoltes de l’association dont il est membre, VivaTerr. Créée en 2014, sous l’impulsion du maire de Pleudihen‑sur‑Rance, David Boixière, pour redonner vie sur les bords du fleuve à la culture de cette fleur qu’on appelle communément « blé noir ». « Je dois bien avouer quelque chose, c’est que je ne connaissais pas cette culture avant de rejoindre VivaTerr », ajoute le quinqua aux airs athlétiques, en empoignant les graines couleur d’ébène pour contrôler leur consistance.
En voie d’extinction
Le sarrasin, pourtant, a longtemps recouvert les terres bretonnes. Cette plante à fleurs de la famille des Polygonacées, qui n’est pas une céréale, s’intégrait dans l’agriculture de subsistance de toute la région. Le Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants (GNIS) a fait les comptes : elle représentait