Cet article est issu du premier numéro de Pays, consacré à Saint-Malo et ses alentours.

La rançon du succès

La côte d’Émeraude, touristique depuis la fin du XIXe siècle, voit des flots de voyageurs et voyageuses s’y promener chaque année. Mais, face à un développement effréné, les revers commencent à se faire sentir, notamment des logements de plus en plus inaccessibles. Un modèle voué à disparaître ?

Manon Boquen & Benoît Michaëly
Une bonne partie de l’année, les volets de Saint‑Malo intra‑muros restent fermés. Personne ne peut donc profiter de la vue.

Chaque matinée d’été, c’est la même rengaine. À sept heures tapantes, les brosses des camions s’activent pour récurer les pavés de la vieille ville de Saint‑Malo. Dans une cérémonie assourdissante, les machines sillonnent les rues étroites, au point de réveiller les plus endormis. Un tel cortège a de quoi en exaspérer plus d’un·e. Mais, comme lorsque l’on reçoit chez soi, il faut bien lustrer les dix‑sept hectares de la cité, quartier le plus visité par les touristes. 

Près d’un million avait franchi le pas de la porte Saint‑Vincent, à l’entrée d’intra‑muros, pendant l’été 2019. Titanesque au vu du petit millier de résidents et résidentes des murs à l’année. Un an plus tard, le nombre de vacanciers et vacancières avait réduit de plus de moitié, du fait du contexte sanitaire. La situation, inédite, a bouleversé le secteur touristique, et même l’économie de Saint‑Malo dont les emplois directs reposent pour un tiers sur cette activité. 

Les pieds dans l’eau

Entre la côte d’Émeraude et le tourisme, c’est une relation de longue date. Tout a débuté dans les premières décennies du XIXe siècle. À l’époque, des cercles de buveurs et buveuses d’eau se regroupaient autour de fontaines, à la Fontaine‑des‑Eaux à Dinan et au Vaugarni à Saint‑Servan — maintenant un quartier de Saint‑Malo —  pour goûter à ses saveurs

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