Cet article est issu du numéro 2 de Pays, consacré au Vercors.

Les derniers jours de Jean Prévost

Jean Prévost était un officier du maquis. Il y reste caché avec sept hommes et une femme, la légendaire résistante Léa Blain, dans une grotte surplombant La Chapelle-en-Vercors : la grotte des Fées. Août 1944, jugeant la pression allemande moins forte, les neuf maquisarde·es décident de rejoindre la vallée. Toutes et tous sont tué·es, sauf Simon Nora par qui leur récit nous sera transmis.

Nicolas Chevassus-au-Louis & Stéphane Le Bourhis

Grenoble, horizon inaccessible — Stéphane Le Bourhis

Un fantôme hante, pour certain·es, le Vercors : celui de l’écrivain Jean Prévost, tué sous les balles allemandes le 1er août 1944 à l’entrée de Sassenage. Des centaines de victimes que fit l’attaque du maquis, il est une des plus intimement commémorées. Peu d’hommages officiels, mais une présence permanente en quelques coeurs de cet écrivain en vue des années 30, devenu un dirigeant aussi apprécié qu’atypique du maquis.

Personne ne connut Jean Prévost dans le Vercors résistant. On n’y connaissait que le capitaine Goderville, son nom de guerre, emprunté au village normand berceau de sa famille. Durant les combats de l’été 1944, il est à la tête d’une compagnie engagée, d’abord devant Saint-Nizier en juin, puis dans le verrou forestier de Valchevrière un mois plus tard. Depuis son poste de commandement de la ferme d’Herbouilly, il dirige quelque 400 jeunes combattants mal armés, qui résistent à l’offensive de la Wehrmacht. Le 23 juillet 1944, l’ordre est donné de se « remaquiser », de cesser d’être cette apparence d’armée organisée, au service d’une République officiellement restaurée, pour redevenir des clandestins vivant dans les bois. Le plateau avait été bouclé par les résistant·es pour en interdire les accès ; le voici investi. L’ennemi est partout. Le refuge s’est transformé en nasse.

Goderville, à la tête d’un petit groupe de combattant·es, se cache dans la grotte des Fées : un repère humide — mais l’eau est précieuse sur le plateau — et difficile d’accès…

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Derrière cet article…

Nicolas Chevassus-au-Louis

Journaliste passionné d’Histoire, Nicolas vit dans le Vercors depuis trois ans, par amour de la montagne et de la Résistance. Pur hasard — vraiment ? — sa maison est toute proche de celle où vécut quelques mois en 1944 Jean Prévost, écrivain mort au maquis.

Stéphane Le Bourhis

Chargé d’étude dans l’environnement, apprenti-vigneron, Stéphane est photographe par intermittence. Les photos réalisées pour Pays ont été une occasion heureuse de marcher quelques jours dans le Vercors, avec un ami, Nicolas, et sa fille Judith, dans les pas invisibles de Jean Prévost.