À peine un pied posé sur le parvis de la gare que la culture vient à notre rencontre, à Saint‑Malo. Rien de grandiloquent : quelques panneaux — sans doute ceux utilisés pour les campagnes électorales — qui permettent d’apprécier les traits fins de l’auteur de bande dessinée Nylso et son goût pour les cabanes en pleine nature. Même lorsque les lieux de culture sont bâillonnés par une épidémie mondiale, Saint‑Malo reste fidèle à sa réputation. Celle d’une ville que la culture fait vivre. Celle d’une ville qui compte plusieurs festivals à la renommée nationale, voire internationale.
C’est justement le festival de bande dessinée Quai des Bulles qui égaye ainsi le parvis de la gare avec cette exposition temporaire, comme il le fait en même temps dans d’autres lieux à travers les rues pour « combattre la morosité » après une édition 2020 annulée. Un an plus tôt, Quai des Bulles accueillait 42 000 visiteurs. Saint‑Malo peut aussi compter sur Étonnants Voyageurs, qui fait d’elle le centre de la littérature mondiale le temps de quelques jours, ou sur La Route du Rock, que connaissent bien les plus de 20 000 personnes qui se réunissent depuis 1991 pour une grand‑messe du rock alternatif autour de l’Assomption, au milieu du mois d’août.
Ces festivals font tout ce qu’ils peuvent pour attirer les locaux, à coup de tarifications préférentielles ou d’ateliers programmés tout au long de l’année. Mais comme pour la vieille ville, dont la vitalité dépend du remplissage des appartements meublés et des résidences secondaires, leur fréquentation est fortement arrimée à la venue de personnalités invitées et d’un public d’initié·es qui fait le trajet pour s’offrir un bol de culture et d’air marin. Ces événements sont la vitrine culturelle de Saint‑Malo, mais une fois les lumières éteintes, que se passe‑t‑il ?
Un cœur artistique battant
Pour le savoir, il faut aller au 12, chemin des amoureux. C’est là, dans une ancienne entreprise de peinture, que vibre à l’année le cœur d’un collectif d’artistes dont l’objectif est d’effectuer un « raz‑de‑marée artistique » à Saint‑Malo. Céline Floch, artiste muraliste, s’applique à l’extérieur du bâtiment à tracer les lettres de « Coef 180 » sur un fond d’un bleu aussi électrique que celui de sa salopette. En 2016, elle a cofondé ce collectif avec Aurélie Lecoq, créatrice de décors et de marionnettes géantes pour