Les rues de Mamoudzou vibrent de joie ce samedi 25 juin 2022. Des milliers de personnes sont arrivées des quatre coins de l’archipel pour assister au retour de l’irremplaçable course de pneus, après deux années de version numérique imposée par la crise sanitaire. Au rond-point du Baobab, le lieu de départ, les coureurs et coureuses se préparent dans la bonne humeur. La musique résonne et motive les troupes. Si aucun thème n’a été exigé, certain·es ont néanmoins décidé de se déguiser pour fêter la reprise de leur événement préféré. Superhéros, animaux fantastiques ou tout simplement arc-en-ciel de couleurs sur le visage, enfants comme adultes aiment conférer à ce moment des allures de carnaval.
L’objectif de la journée ? Faire rouler un pneu à l’aide de deux bâtons sur un itinéraire de 1 850 mètres, afin d’atteindre en premier la ligne d’arrivée. Les participant·es sont rigoureusement chronométré·es et les trois gagnant·es de chaque catégorie reçoivent des lots de la part des sponsors de la compétition. Friand de ce rendez-vous annuel, le public déborde sur l’ensemble du parcours qui s’étend d’un quartier sud de Mamoudzou jusqu’à la place Zakia Madi, dans le centre-ville.
Et le jeu devint course
500 enfants — 300 garçons et 200 filles — et 500 adultes — dès douze ans — participent cette année à cette manifestation emblématique. Des personnalités du monde politique et économique, comme le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, ou le directeur régional d’Orange, André Martin, leur remettent les trophées. C’est dire l’importance que revêt ce rallye à roue pour les habitant·es du territoire. L’initiative provient pourtant d’un professeur d’EPS d’origine marseillaise, qui a eu envie de transformer ce jeu traditionnel en défi sportif en 1984. Jack Passe, venu enseigner à Mayotte, avait acquis une forte réputation et son décès, en août 2020, a marqué les esprits.
« C’est en voyant des enfants s’amuser à faire rouler des pneus à l’aide de deux bouts de bois que j’ai eu l’idée de créer cette course », aimait à raconter le fondateur de l’événement le plus populaire de l’île, également à l’origine du festival de l’image sous-marine, autre temps fort culturel à Mayotte. « Quand j’étais petit, j’avais hâte d’être assez grand pour y participer, car ses vainqueurs étaient très respectés et admirés », confie Karim, qui habite Mamoudzou et est aujourd’hui âgé d’une trentaine d’années. « Nous commencions à chercher nos pneus environ un mois auparavant auprès des garagistes de quartier et nous passions des heures à nous entraîner », ajoute-t-il, les yeux pétillants de bonheur à l’évocation de ce souvenir.
L’attirail pour réussir
Traditionnellement, l’événement était destiné aux enfants, garçons et filles, qui arrivaient à passer sous la toise historique des 1,45 mètre. Au fil des ans, il s’est ouvert aux adultes, réparti·es en différentes catégories : hommes, femmes, « big mamas » et « gros pneus ». La troisième correspond