Chapitre 1 : L’atelier
~ Derrière une imposante porte en bois se découvre une allée baignée par la lumière du début d’après-midi, adoucie par une verdure foisonnante. Au cœur de cette bambouseraie urbaine, matali crasset nous accueille dans son atelier bellevillois. Seule une bibliothèque remplie d’ouvrages bigarrés qui s’étend jusqu’au plafond sépare son lieu de travail de son salon, où se rencontrent prototypes, piles de livres et mobilier coloré. Dans cet espace qu’elle occupe depuis 2000 avec son conjoint Francis Fichot et leurs deux enfants, et qu’elle partage avec Florian, son collaborateur, elle trouve son équilibre.
Vous êtes née et avez grandi dans un petit village de la Marne. Pourquoi avoir choisi d’établir votre studio à Belleville ?
matali crasset Il est commun de s’installer à proximité de la gare qui nous relie à notre région d’origine, peut-être parce que cela facilite le retour chez soi. Avec Francis, nous avons ainsi toujours vécu dans l’Est de Paris. Peut-être qu’inconsciemment, nous avons recréé ici les conditions de vie de Normée, mon village d’enfance. Par exemple, dans notre cour, nous sommes également environ quatre‑vingts habitants.
Comment avez-vous découvert ce lieu atypique ?
Francis a découvert cette ancienne imprimerie rénovée. Autrefois, elles étaient nombreuses à Belleville, étant donné la proximité avec le Canal Saint‑Martin. Quand nous sommes arrivés, c’était encore un immense bâtiment et la cour n’existait pas. Des tranches de maisons ont ensuite été pensées à l’intérieur.
Vos lieux de travail et de vie se rencontrent dans un même espace. Un autre point commun avec votre maison d’enfance, auprès de vos parents agriculteurs ?
Francis Fichot Malgré nous, nous avons reproduit le schéma de vie des parents de matali. Les rôles sont inversés puisque je m’occupe de la cuisine et assure un travail d’interface avec l’administratif pour que le temps de travail de matali soit au maximum un temps de création. Notre ferme est là, et le studio est notre champ. matali dit souvent qu’elle a des champs dans la tête.
matali crasset Travailler et vivre dans un même lieu permet de ménager vies de famille et professionnelle, alors que la majorité des femmes doivent sacrifier l’une ou l’autre.
Comme mes parents, je fais corps avec mon métier. On a toujours cette idée naïve qu’un créatif doit faire des nuits blanches pour réussir. Ici, à dix-neuf