matali crasset, en terre d’amitiés

Au début des années 2000, matali crasset, figure incon­tour­nable du design, a installé son atelier dans le bas Bel­le­ville. Avec son com­pa­gnon Francis Fichot, dans cet ancien quartier ouvrier du Nord-Est parisien qui accueille des artistes depuis les années 1980, elle a tissé un éco­sys­tème de rela­tions amicales, créa­tives et pro­fes­sion­nelles. À vélo, elle nous dévoile son Bel­le­ville, dont les fron­tières se des­sinent au gré de ses rencontres.

Cécile Marchand Ménard & Benoît Michaëly
matali crasset échange avec son ami pâtis­sier Benoît Castel à propos d’une bûche de Noël concoc­tée à deux, autour du design et du goût.

Chapitre 1 : L’atelier

~ Derrière une impo­sante porte en bois se découvre une allée baignée par la lumière du début d’après-midi, adoucie par une verdure foi­son­nante. Au cœur de cette bam­bou­se­raie urbaine, matali crasset nous accueille dans son atelier bel­le­vil­lois. Seule une biblio­thèque remplie d’ouvrages bigarrés qui s’étend jusqu’au plafond sépare son lieu de travail de son salon, où se ren­contrent pro­to­types, piles de livres et mobilier coloré. Dans cet espace qu’elle occupe depuis 2000 avec son conjoint Francis Fichot et leurs deux enfants, et qu’elle partage avec Florian, son col­la­bo­ra­teur, elle trouve son équilibre.

Vous êtes née et avez grandi dans un petit village de la Marne. Pourquoi avoir choisi d’établir votre studio à Belleville ?

matali crasset Il est commun de s’installer à proxi­mi­té de la gare qui nous relie à notre région d’origine, peut-être parce que cela facilite le retour chez soi. Avec Francis, nous avons ainsi toujours vécu dans l’Est de Paris. Peut-être qu’inconsciemment, nous avons recréé ici les condi­tions de vie de Normée, mon village d’enfance. Par exemple, dans notre cour, nous sommes éga­le­ment environ quatre‑vingts habitants.

Comment avez-vous décou­vert ce lieu atypique ?

Francis a décou­vert cette ancienne impri­me­rie rénovée. Autre­fois, elles étaient nom­breuses à Bel­le­ville, étant donné la proxi­mi­té avec le Canal Saint‑Martin. Quand nous sommes arrivés, c’était encore un immense bâtiment et la cour n’existait pas. Des tranches de maisons ont ensuite été pensées à l’intérieur. 

Vos lieux de travail et de vie se ren­contrent dans un même espace. Un autre point commun avec votre maison d’enfance, auprès de vos parents agriculteurs ?

Francis Fichot Malgré nous, nous avons repro­duit le schéma de vie des parents de matali. Les rôles sont inversés puisque je m’occupe de la cuisine et assure un travail d’interface avec l’administratif pour que le temps de travail de matali soit au maximum un temps de création. Notre ferme est là, et le studio est notre champ. matali dit souvent qu’elle a des champs dans la tête.

matali crasset Tra­vailler et vivre dans un même lieu permet de ménager vies de famille et pro­fes­sion­nelle, alors que la majorité des femmes doivent sacri­fier l’une ou l’autre.

Comme mes parents, je fais corps avec mon métier. On a toujours cette idée naïve qu’un créatif doit faire des nuits blanches pour réussir. Ici, à dix-neuf 

[...]
Pour poursuivre votre lecture et soutenir notre projet, nous vous invitons à commander la revue papier.

Pays est une revue indépendante, sans publicité, éditée par ses quatre cofondateurs et cofondatrices. Pays, la revue qui nous entoure, s’intéresse à un nouveau territoire pour faire mieux que découvrir : comprendre.

Livraison gratuite en France.